La première mention de Douai remonte à 930 sous la forme Duacum. Cependant un noyau urbain existe dès l'époque mérovingienne, au VIIe siècle, sur une butte argileuse encadrée par deux ruisseaux (actuel quartier Saint-Amé).
Premier essor proto-urbain (fin IXe - milieu Xe siècles) Le berceau de la cité est densément occupé par des bâtiments de bois. Au Xe siècle, pendant la période qui suit la dislocation de l'empire carolingien, le comte de Flandre construit sa résidence et décide la capture d'une rivière qui rend la Scarpe navigable à partir du site.
Reconstitution du premier quartier urbain de Douai, vers 900. D'après les fouilles du service archéologique. Dessin Étienne Louis.
C'est l'acte fondateur de la ville et de son essor économique (installation de nombreux moulins). Le castrum Duacum, qui renferme la vieille tour du châtelain et la neuve tour comtale, connaît une première enceinte à la fin du Xe siècle.
Maquette de la première résidence comtale en forme de tour, vers 965.
Douayeul Avec la navigation qui relie la cité aux villes flamandes, un nouveau quartier apparaît au nord sur la rive gauche de la Scarpe (Petite-Place actuelle). Il comporte des brasseries, des tavernes et le "rivage", quai d'embarquement et de débarquement des marchandises. Broche à vêtement en argent, Xe siècle. Fouilles et photo service archéologique.
Le Castel bourgeois Il se développe sur la rive droite de la rivière. C'est le quartier marchand en opposition avec le castrum militaire et religieux.
Douai, ville née de la rivière Scarpe, s'est développée grâce à une intense activité commerciale. Ville drapante et du blé au Moyen Âge, elle devient universitaire au XVIe siècle. Française à partir de 1667, elle est ville parlementaire et militaire.
Brevet signé par d'Hozier où sont peintes les armoiries de la ville de Douai telles qu'elles sont enregistrées dans l'Armorial général de France, 29 septembre 1697 (parchemin). Arch. comm. Douai, AA39.
Les armes de Douai sont "de gueules plain".
Leur simplicité témoigne de leur origine médiévale.
La draperie douaisienne, très florissante au XIIe siècle, est réputée dans toute l'Europe et largement exportée.
Le commerce du grain occupe également une place prépondérante dans l'économie de la ville. Le blé, l'orge, le seigle proviennent de toute la campagne pour être vendus quotidiennement sur le marché. C'est une source d'enrichissement pour la ville qui perçoit des taxes. Le transport se fait par voie d'eau. Douai est le port navigable le plus haut sur la Scarpe et c'est à partir du pont "à le laigne", actuel pont de la Massue, que débute toute la navigation vers l'Escaut et la mer du Nord. Ensemble d'objets artisanaux liés au textile, Xe siècle.
À cette époque, toute une organisation politique se met en place. Les échevins, représentants de la population, dirigent la ville. Ils sont nommés pour 13 mois (non renouvelables) et forment le Magistrat. Celui-ci siège dans la "halle" au cœur de la cité (actuel hôtel de ville). Ils obtiennent du comte Philippe d'Alsace leur première charte communale (avant 1188) qui leur donne le pouvoir de rendre la justice, de légiférer, de veiller à la défense de la ville. Ce système échevinal reste pratiquement inchangé jusqu'à la Révolution française.
Sceau en plomb servant à authentifier les draps de laine, XIVe siècle.
Héritier des ducs de Bourgogne, Charles Quint reçoit en héritage le comté de Flandre au début du XVIe siècle. Il réprime avec vigueur la doctrine de Luther. À Douai, les premiers signes d'hérésie sont aussitôt réprimés. Pour lutter contre la Réforme, les échevins présentent une requête à l'Empereur pour créer une université à Douai.
Son fils, Philippe II roi d'Espagne, décide sa création avec le consentement de la papauté. Elle est inaugurée en 1562 et doit "servir d'exemple à toute la chrétienté". L'enseignement comprend la théologie, le droit canon, le droit civil, la médecine et les arts libéraux. L'université attire de nombreux étudiants venus de tous les Pays-Bas et aussi d'Angleterre.
L'université. Plan de Martin Le Bourgeois (1627).
De nombreux collèges et séminaires sont fondés en particulier les collèges d'Anchin et des Anglais. En 1579, c'est la rupture entre les Pays-Bas catholiques et les Provinces Unies. Douai reste un bastion catholique important.
Le collège d'Anchin. Plan de Martin Le Bourgeois (1627).
À la mort de Philippe IV d'Espagne, Louis XIV réclame les droits de son épouse Marie-Thérèse. En mai 1667, il décide de conquérir la Flandre. Douai est assiégée le 2 juillet et capitule le 6 juillet 1667. Louis XIV entre solennellement dans la ville le 8 juillet par la porte de Valenciennes.
Entrée de Louis XIV à Douai. Atelier de Adams Frans Van Der Meulen, Par le traité d'Aix-la-Chapelle (1668), Douai est définitivement rattachée au royaume de France. La ville devient une place militaire importante au nord du royaume. Des casernes sont construites, les fortifications sont améliorées par Vauban, l'arsenal et la fonderie de canons sont créés. Le parlement de Flandre, cour de justice, s'installe à Douai en 1714 dans les locaux du refuge de l'abbaye de Marchiennes. Les parlementaires font construire de beaux hôtels à la française. Avec les échevins, ils réglementent l'urbanisme dès 1718 et Douai perd ses caractéristiques flamandes. Refuge de l'abbaye de Marchiennes, devenu parlement de Flandre en 1714. Plan en relief, 1709.
Les changements politiques et la guerre amènent de graves perturbations à Douai.
L'échevinage est remplacé par la commune, créée en décembre 1789. Les trois ordres élisent à Douai leurs députés (noblesse, clergé, tiers état).
Le marquis Eustache-Jean-Marie d'Aoust, député de la noblesse aux États généraux.
Merlin de Douai, député du tiers état aux États généraux.
La confiscation des biens du clergé, nombreux à Douai, revêt une ampleur particulière. Les couvents sont fermés, leurs occupants expulsés. La vie spirituelle s'éteint. L'université est supprimée en 1793, ainsi que le parlement. Douai est toutefois retenue comme chef-lieu du département du Nord en 1790.
Douai reste une ville judiciaire : la cour d'appel a pris naturellement la place du parlement de Flandre. Si la vie intellectuelle et artistique est intense, l'activité industrielle est très réduite jusqu'au Second Empire.
Une industrialisation tardive
Douai ville judiciaire : la cour d'appel remplacé le parlement de Flandre en 1804. Si la vie intellectuelle et artistique est intense (Constant Dutilleux, Théophile Bra, Marceline Desbordes-Valmore), l'activité industrielle est très réduite jusqu'au Second Empire. La voie ferrée Paris-Lille, inaugurée en 1846, fait de la ville un nœud ferroviaire important et l'exploitation du charbon dans les hameaux de Dorignies et Frais-Marais permet un certain renouveau.
La gare
En 1887, l'université est transférée à Lille malgré la résistance acharnée du conseil municipal. Le démantèlement des fortifications est décidé en 1891. Une ceinture de boulevards est réalisée à l'emplacement de la muraille et deux jardins publics sont créés. De nombreuses rues sont tracées. Au nord, les terrains libérés sont vendus à différents industriels (Cail, Arbel, Breguet) pour permettre l'installation de nouvelles usines. Des voies de chemin de fer relient ces dernières à la gare. Le parc Bertin En 1895, le canal de dérivation de la Scarpe est ouvert à la navigation , confortant la vocation douaisienne de grand centre de batellerie. La fonderie de canons, l'arsenal et les régiments préservent la fonction militaire. La ville réussit sa première révolution industrielle mais cet élan est stoppé net par la guerre. Le portail de la fonderie de canons Sous le Second Empire, la chapelle des Récollets anglais est agrandie pour devenir l'église Saint-Jacques. L'agrandissement de l'hôtel de ville est entrepris : on construit la salle des fêtes, ce qui double la façade, et deux ailes en retour encadrent la cour d'honneur.
Les deux conflits mondiaux marquent durablement la ville et l'obligent à des reconstructions. Douai devient capitale du bassin minier mais la récession implique une nouvelle mutation. La cité développe aujourd'hui ses pôles industriel, judiciaire et universitaire.
La ville est occupée par les Allemands pendant toute la durée de la guerre. En 1918, le spectacle est désolant : des quartiers entiers sont en ruines et les voies de communications ont été détruites. La place d'Armes
Située en plein coeur de l'Europe du Nord, Douai bénéficie d'une situation géographique privilégiée. Entourée de Lille, Valenciennes, Cambrai, Arras, Lens, elle est le centre de voies de communication variées (autoroutes, aéroport de Lesquin, TGV....).
Les voies navigables restent importantes. Douai possède un port fluvial au point de jonction de deux canaux : celui du Nord et celui de Dunkerque à Valenciennes.
Le port fluvial des Dorignies En 1976, la ville adhère au contrat de Ville moyenne proposé par l'État. Les paysages centraux, la place d'Armes et les berges de la Scarpe sont embellis. Les friches industrielles sont reconquises : la "Fonderie" au coeur de la ville se transforme en espace vert et foyer du 3e âge et l'Arsenal devient un centre tertiaire accueillant le Trade Center, l'Agence de l'eau, l'hôtel de police... Les hameaux de Dorignies et Frais-Marais sont restructurés et rénovés. Le parc Fenain, un espace vert de 16 hectares, apparaît au nord-ouest de la ville.
À proximité, la réserve naturelle de Douai-Flers est créée en 1995. Mosaïque de milieux naturels autour de la rivière Escrebieux, elle couvre 20 hectares et abrite 23 % des espèces nicheuses d'oiseaux présentes dans la région.